Avenir de Adrian Frutiger

Histoire de la typographie – Avenir de Adrian Frutiger (Linéales)

Adrian Frutiger naît le 24 mai 1928 à Unterseen, tout près d’Interlaken, en Suisse allemande. Un de ses instituteurs, Ernst Eberhard, remarque ses dons pour le dessin et lui conseille d’apprendre un métier proche des métiers d’art, et c’est ainsi qu’il commence un apprentissage de typographe à l’imprimerie Schlaefli à Interlaken en 1944, où il restera quatre années qui vont déterminer le restant de sa vie professionnelle. Il intègre ensuite l’École des arts appliqué de Zurich en 1949 (dix-neuf ans après le passage de max Miedinger), où il suit trois années durant les cours de Walter Käch et Alfred Willimann, puis il part à Paris où Charles Peignot lui propose de devenir créateur des caractères et directeur artistique de la fonderie typographique Deberny & Peignot. Il y dessine ses premiers caractères plomb (Phoebus, Ondine, Président ou encore Méridien, qui vient d’être redessiné et commercialisé sous le nom de Frutiger Serif) avant de réaliser sa première Linéale destinée à la photocomposition, l’Univers en 1957, la même année que l’Helvetica de Miedinger à laquelle elle est souvent comparée, et qui s’en différencie par un peu plus de froideur et d’austérité. Le caractère Univers marque un tournant dans l’histoire de la typographie en ce qu’il est le premier à être largement décliné pour une occupation optimale de l’espace dans la page avec vingt et une variantes de graisses, de l’étroit fin au large gras – une première pour l’époque. Du fait de son dessin précis et de son aspect pratique et original, L’Univers remporte un grand succès et rend le nom de Frutiger célèbre dans le monde de la typographie.

imagesIl fonde son propre atelier en 1962 à Arcueil, près de Paris, en compagnie de deux amis graphistes suisses, Bruno Pfäffli et André Güntler, atelier au sein duquel il réalisera de nombreux logos et polices de caractères (Apollo, Serifa, OCR-B, Iridium…). Il est  mandaté par la société Aéroport de Paris pour élaborer un nouveau système de signalétique en vue d’équiper le futur aéroport Roissy – Charles de Gaulle, tâche dont il s’acquitte avec brio et pour laquelle il crée un caractère de la famille des Linéales humoristiques. Ce caractère s’appela d’abords Roissy, puis est commercialisé sous le nom de Frutiger. Après avoir livré les polices versailles et Centennial, il s’attaque à un vieux projet, celui de redessiner le Futura, qu’il considère trop rationnel et pas assez humain. C’est un 1988 qu’il présente le cractère Avenir (dont le nom est un clin d’oeil au Futura). le juste milieu entre une Linéale indéniablement géométrique et une Grotesque humaniste, dont l’harmonie des formes génère l’équilibre optique.

Avenir s’impose naturellement comme une alternative de qualité au Futura et à l’Avant Garde., il est moins radical et abrupt, plus chaleureux et avec plus de personnalité. Son utilisation en capitales, que l’on réservera aux titrages, donne beaucoup de stabilité à la composition et également de la classe grâce à la rigueur de la structure des lettres ; il évoque une certaine prestance, le professionnalisme, la beauté et la féminité. Ses bas de casse possèdent les avantages des Linéales géométriques classiques sans leurs inconvénients : plus facile à lire, ils peuvent s’utiliser pour les articles de presse ou des rapports relativement courts.

Adrian Frutiger, qui réside et travaille dorénavant en Suisse, redessine et perfectionne depuis quelques années certains de ses caractères avec l’adieu designer Akira Kobayashi. Il s’attaque ainsi en 2004 à l’Avenir (désormais nommé Avenir Next) afin de doter de variantes de graisses supplémentaires (vingt-quatre contre six dans la première version), de petites capitales et de chiffres suspendus ce qui renforce son aspect élégant, professionnel et contemporain. On lui doit également plusieurs ouvrages de référence sur sa carrière et la création typographique en général, dont Des signes et des hommes et À batôns rompus, publié aux éditions Atelier Perrousseaux. Il a en outre été récompensé à de nombreuses reprises : lauréat du Prix Gutenberg de la ville de Mayence et de la médaille du Type  Director’s Club à New York, il a été nommé officier des Arts et des Lettres à Paris en 1993.

Mots-clés : Qualité, stable, classe, élégant, professionnel, artistique, culturel, beau, lisible, efficace, simple.

Sources : Rault, David. Guide pratique de choix typographique, Méolans-Revel, Atelier Perrousseaux, 2008, 207p