Optima de Hermann Zapf
Histoire de la typographie – Les incises de Hermann Zapf
Hermann Zapf naît à Nuremberg en 1918. Son père, qui officie dans le syndicat d’une usine automobile, est congédié lors de l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933, et la punition s’étend à Hermann qui est privé de hautes études. Il doit abandonner son ambition de devenir ingénieur électricien et entre dans une imprimerie en tant qu’apprenti retoucheur. Son nouveau métier lui plaît et ill a une révélation lors de la visite d’une exposition sur les calligraphies de Rudolf Koch. Il se documente, lit beaucoup de livres dont ceux d’Edward Johnston, le typographe du métro de Londres, et fini par dessiner ses propres alphabets qui sont distribués par la fonderie Stempel. La réalité de la guerre le rattrape en 1941, lorsque l’armée allemande l’enrôle d’office et l’envoie en France, où il devient cartographe et profite de son temps libre pour dessiner d’autres alphabets pour la fonderie Stempel, qui l’embauchera en tant que directeur artistique sitôt la guerre terminée. Il a alors tout le temps de dessiner et de perfectionner ses connaissances et sa technique ; il réalise deux magnifiques caractères de labeur coup sur coup, le Palatino et le Mélior, qui remportent un beau succès.
En 1950, lors d’une visite à Florence en Italie, Hermann Zapf tombe en arrêt devant les écritures des pierres tombales au sol de l’église Santa Croce, datant de 1530. Il n’a pas de papier sur lui et utilise un billet de 1000 lires pour esquisser les premiers traits d’un nouvel alphabet. Il dessinera également certains caractères relevés sur l’arche de Constantin à Rome, et se servira de ces bases pour concevoir ce qu’il qualifie de Romain sans empattements en réalité une typographie d’un nouveau genre, de la famille des Incices, qui se caractérise par la ressemblance avec les inscriptions taillées dans la pierre. Il passera huit années à redessiner et perfectionner son caractère, tout d’abord destiné au titrage pui, sur la suggestion de Monroe Wheeler, alors directeur du Musée d’art moderne de New York, révisé pour le labeur. Le résultat, gravé par August Rosenberg et baptisé Optima par le service marketing de la fonderie Stempel contre l’avis de Zapf (qui souhaitait l’appeler New Roman), est finalisé et distribué en 1958. Bien que ce ne soit pas le premier caractère de ce type a être commercialisé – le Stellar de R. Hunter Middleton, distribué parla Ludlow Typograph Compagny de Chicago en 1929, partage beaucoup de point communs avec l’optima, mais n’a pas su trouver son public à une époque où les critères géométriques tels que le Futura ou le Kabel étaient des best-sellers-, il est indéniablement le plus harmonieux et il arrive au bon moment sur le marché : son succès est fulgurant.
Enpruntant les proportions , les pleins et déliés, l’élégance et le raffinement des caractères humanistes tout en réduisant les empattements à de longs et délicats évasements Hermann Zapf donne à son caractère un aspect à la fois moderne et noble, élégant et intemporel. Amputé de ses serf sans être une vraie Linéale non plus, d’aspect lapidaire (taillé dans la pierre) du fait du fait de la forme de ses lettres et de l’origine de son tracée, l’Optima est à mi-chemin entre plusieurs concepts et par conséquent il trouve aisément sa place sur beaucoup de supports différents et dans de nombreux domaines : le succès est donc prévisible et ne se fait pas attendre. En effet, dès sa sortie en 1958, l’optima s’impose comme caractère de prédilection pour les livres et les revues haut de gamme, les marques de cosmétique, les grandes sociétés… Le caractère Optima véhicule en effet plusieurs connotations : beauté et féminité, mais aussi précocité, classe, harmonie. Ce coté solennel et intemporel qui provient directement de son inspiration reste très présent. On associe généralement l’Optima à la santé et à l’hygiène , qu’elle soit concrète (médicaments, cosmétiques) ou imagée (banques, grandes entreprises).
L’Optima deviendra bien vite la typographie la plus célèbre de Hermann Zapf malgré le palmarès impressionnant de ce designer, enseignant et calligraphe d’exception lauréat de nombreuses récompense dans le domaine des arts graphiques et de la typographie. Il est également l’auteur d’une quarantaine de caractères dont le Zapfino, très beau caractère calligraphique inspiré de sa propre écriture. Il s’associera avec le designer japonais Akira Kobayashi en 2000 pour redessiner sa typographie vedette, qu’il renomme à cette occasion Optima Nova, en la perfectionnant et en l’optimisant pour l’ère digitale, et en profitera pour dessiner une très belle version italique (jusqu’alors, l’Optima italique n’était qu’une version penché du romain).
Mot-clés : Élégant, féminin, précieux, cosmétique, pur, noble, beau, santé, hygiène, assurance, années 1960-1970, solennel.
Sources : Rault, David. Guide pratique de choix typographique, Méolans-Revel, Atelier Perrousseaux, 2008, 207p
- Affiche Optima
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